Réalisée par :mail
Date :octobre 2006
Les Loges Funèbres sont parues aux éditions Nuit dAvril en août 2006… Après avoir plongé dans lunivers de lauteur, je me suis dit quune rencontre mail et quelques questions ne seraient pas de trop !
Voici le résultat
Allan : Tout dabord jaimerais, si tu lacceptes, que tu te présentes auprès de nos visiteurs.
Amelith : Amelith Deslandes, auteur dâge, de taille, de poids et de sexe inconnus, confesse volontiers une prédilection pour lhorreur sous toutes ses formes.
…
Ahem, pour le reste, vu que je naime pas vraiment parler de moi, je me bornerai à faire mienne cette parole de Confucius :
« Lon gagne toujours à taire ce que lon est pas obligé de dire… »
Allan : Ton parcours jusquà la parution des Loges Funèbres fut-il long et difficile comme il est souvent le cas ?
Amelith : Pour se borner aux seules Loges Funèbres, la durée de la gestation fut relativement longue, normal, un livre est plus vite écrit quil nest publié.
Maintenant, il est clair que dans ce milieu (et cest dautant plus vrai aujourdhui, alors quil traverse une période particulièrement difficile) il faut savoir sarmer de patience, les choses se font à un rythme différent, qui peut sembler très lent mais qui a le mérite de laisser le temps aux auteurs de retravailler, améliorer, peaufiner leur manuscrit.
Un mal pour un bien donc…
Allan : Quels conseils donnerais tu aux écrivains en herbe pour pouvoir percer dans ce métier ?
Amelith : Innovez.
Intriguez.
Surprenez….
Il ny a pas de secret, au vu du nombre considérable de fanzines, revues, bouquins qui sortent chaque mois, ceux qui ne parviendront pas à se démarquer, à trouver un style qui leur soit propre, une griffe, finiront aux oubliettes, en littérature comme partout, il faut oser et ceux qui pensent que tout a déjà été écrit peuvent dors et déjà se recycler dans la broderie ou lorigami…
Pour percer dans ce métier qui nen est pas un, écrivain nétant pas une profession il faut sentêter et surtout ne pas renoncer, les jeunes auteurs vont être amenés à sexposer, à prendre des coups qui vont leur faire mal à lego, on va beaucoup les éprouver avant de les accepter, maintenant, nous sommes tous plus ou moins passés par là, il faut saccrocher et continuer à écrire avec sincérité, autrement dit, avec ses tripes…
Allan : Ton recueil est paru chez Nuit dAvril : pourquoi ce choix et comment sest passé la rencontre avec Franck Guilbert ?
Amelith : Lessentiel de ma production littéraire relève du genre fantastique, genre de prédilection des éditions Nuit dAvril, aussi le choix ma semblé des plus évidents.
De plus, on mavait parlé deux en bien et je savais quils nhésitaient pas à lancer des auteurs inconnus, deux raisons supplémentaires de tenter ma chance.
Concernant Franck Guilbert, tout sest passé par mails, je ne lai donc pas encore rencontré physiquement mais cela ne saurait tarder puisque, si je ne mabuse, nous participerons tous les deux au salon du livre de Dijon, les 1,2 et 3 décembre 2006.
Allan : Quand, comme toi, on a publié des nouvelles dans de nombreuses revues, comment sy prend t-on pour faire une sélection
Ce doit-etre difficile non ?
Amelith : Eh bien en tout cas ça ne le fut pas pour Les Loges Funèbres puisque la sélection avait déjà été réalisée en amont par le comité de lecture des éditions Nuit dAvril.
En ce qui me concerne, jai juste demandé à ce quun texte soit ôté de la liste et remplacé par un autre, ce fut là ma seule contribution à la sélection des textes.
Allan : Les nouvelles que tu nous proposes dans Les Loges Funèbres sont toutes sombres
Cest un peu triste non ?
Amelith : Un texte sombre est il forcément triste ?
Personnellement je ne le pense pas.
Les Loges Funèbres sont gaies ! Lon y meurt avec le sourire !
…
Je plaisante.
Il y a, bien entendu, une conjonction de choix, celui des personnages secondaires, des lieux, et même, oui, de la météo, qui fait que la nouvelle aura une atmosphère particulièrement lourde et oppressante, pour autant, je pense que la perception du lecteur dépend avant tout de son identification à tel ou tel personnage.
La perception du texte, le ressenti final, dépend, pour lessentiel, de ce choix.
Tout cela est, au fond, très subjectif, il nexiste pas en la matière de vérité, de perception qui soit absolue…
Allan : Dailleurs, le “bien” ne gagne pas dans tes nouvelles : es-tu pessimiste de nature ?
Amelith : Pessimiste ?
Non, seulement lucide.
Jajouterais à cela que jai le manichéisme en horreur, je pense que les concepts de justice ou déquité sont parfaitement étrangers à la nature humaine.
Cest une lapalissade de dire que lier « bien » à « récompense » ou « mal » à « punition » est une erreur assez communément répandue.
Même si nous nous en défendons, nous ne sommes que des animaux, le bien, le mal, rien de tout cela nexiste à létat naturel, ce sont des concepts qui nous ont été artificiellement implantés et qui faussent considérablement notre jugement.
Un même acte, un même fait portera toujours en germe et des répercussions négatives, et des répercussions positives, et on ne pourra décemment lappréhender quen sabstenant de tout jugement moral.
Allan : Tu joues notamment avec les croyances en place dans la nouvelle Les Rouages du destin : penses tu que les représentants des dieux soient si cyniques ?
Amelith : Dans Les Rouages du Destin, ce sont les Dieux, plus que leurs représentants, qui font preuve de cynisme, ils sont inhumains, monstrueux, étrangers aux désirs et aux aspirations de lespèce humaine, et ceci pour une bonne raison que je ne peux hélas ici évoquer sans prendre le risque de déflorer lintrigue du texte.
Maintenant cette nouvelle ne reflète en rien la façon dont jappréhende moi-même le phénomène.
En ce qui me concerne, je pense que les religions ne sont quun ramassis de sottises millénaires et que la croyance en un Dieu, quel quil soit, relève de la pathologie.
Jai les religions, et plus généralement tout ce qui contribue dune manière ou dune autre à formater lindividu pour pouvoir le faire rentrer dans une case sociétale, en horreur.
Allan : Et maintenant, tu travailles sur un nouveau projet ?
Amelith : Jai plus ou moins le matériau pour embrayer dès à présent sur un second recueil qui devrait être dans la même veine que Les Loges Funèbres.
Maintenant jaimerais également pouvoir minvestir dans un projet pharaonique qui viserait à rapprocher la littérature de lart contemporain, et qui consisterait en la création dun livre-objet unique, en perpétuelle mutation, un bouquin baroque et barré dont jaimerais quil puisse trouver sa place dans nimporte quelle galerie dart.
Il nen existerait au final quune poignée dexemplaires en version papier, tous différents, cela répondrait à une volonté que jai de revenir au livre en tant quuvre dart et non plus en tant que simple marchandise.
Jai dans lidée que le fait pour une uvre dart dexister en une multitude dexemplaires nuit à son caractère « sacré ».
Cest un projet tout à fait déraisonnable, jen ai parfaitement conscience, sa réalisation éventuelle demandera beaucoup de volonté, de temps et dinvestissement et je ne parviendrai probablement pas à le réaliser seul. Il me faudra donc convertir quelques camarades auteurs et programmeurs si je veux le mener à bien mais je ne désespère pas dy parvenir, disons, dici une bonne décennie…
Allan : Que peut-on te souhaiter ?
Amelith : Que Sarkozy sétouffe avec un bretzel, ça me ferait bien plaisir…
Sinon, à un niveau plus personnel, ce serait dachever enfin une novella que je triture régulièrement depuis plusieurs mois.
Allan : Connaissais-tu notre site ?
Amelith : Je lai découvert récemment, et jai eu le plaisir dy lire quelques interviews, celle de Jérôme Noirez notamment qui est un gars fichtrement doué et dont on se demande encore comment il a pu ne pas obtenir le prix Merlin cette année, jimagine à ce sujet que la compétition naura pas été aussi loyale quelle aurait du lêtre, mais bon, cest une autre histoire…
Allan : Le mot de la fin sera :
Amelith : Résistance.